MACBETH

mystery, madness, murder and mayhem

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Après le ballet de Roméo & Juliette, restons dans Shakespeare avec “Macbeth”, qui joue à Fort Canning park du 28 avril au 22 mai.

 La représentation est en plein air, ce qui est un concept qui me plait beaucoup: la pièce commençant à 19 heures 30, on prend plaisir à voir la nuit tomber, à être assis dans l’herbe, à voir des chauves-souris passer de temps à autre (eh oui !). Bref, il y a bien un petit côté magique à ce genre de représentation. Seulement… Peter Brooke a dit, si je ne me trompe pas, que pour bien ressentir une pièce, il faut qu’elle soit jouée dans une sale relativement petite; ainsi, les “vibrations” des acteurs parviennent mieux au public. Macbeth en est la preuve: quand on joue pour un public de 1800 personnes, et en plein air en plus (ce qui implique des micros), le courant a du mal à passer. Si la pièce avait été une comédie, cela aurait pu fonctionner, car alors la réussite aurait reposé autant sur le texte que sur le jeu des acteurs. Mais, dans le cas de Shakespeare (sans vouloir l’offenser), même en connaissant l’intrigue de la pièce par coeur, on ne comprend guère plus de 20% du texte. Ainsi, la réussite de la pièce reposait ici surtout sur le jeu…

…Qui, malheuresement, était décevant. Tout d’abord, Adrian Pang, qui jouait Macbeth, avait d’horribles tics gestuels : je mets ma main dans ma poche, je l’enlève, je la remets, je l’enlève… Insupportable ! Parce qu’on a tous ce genre de tics sur scène, je sais à quel point c’est difficile de s’en empêcher, mais tout de même : on pourrait attendre d’un acteur professionnel qu’il soit au courant que ce genre de petits gestes, répétés toutes les 10 secondes, gâchent tout ! J’avais vraiment envie de lui scotcher les mains et les pieds. À un seul moment, lors de sa réplique la plus connue,

 Life's but a walking shadow, a poor player
That struts and frets upon the stage
And then is heard no more: it is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.


,Adrian Pang avait les deux mains à plat, posées devant lui, et c’était une des seules scènes vraiment belles à regarder.

 Ensuite vient Lady Macbeth, qui était jouée par Patricia Toh. Lady Macbeth, une vampe, séductrice, obsédée par le pouvoir au début, puis rongée de remords à la fin… ah bon ? L’actrice avait l’air dans la retenue, presque froide. Elle n’était pas présente à 100%. Comme pour Adrian Pang, j’avais juste envie de me lever et de la secouer par les épaules pour lui dire de se réveiller ! 

Le reste des acteurs était très inégal: certains étaient extrêmement naturels (Lady Macduff, Malcolm), ce qui détonnait complètement avec d’autres qui semblaient réciter leur texte en regardant le public, du style, “Vous n’avez rien compris ? C’est pas grave, moi non plus !”. Bref, le jeu n’était pas convainquant…

 Pas plus que la mise en scène. Les anachronismes (costumes complètement modernes, téléphone portable, appareil photo, pistolets, drogue !) qui rendaient certaines scènes plus comiques que tragiques. Le metteur en scène, Nikolai Foster, voulait peut-être montrer au public que la quête de pouvoir est un sujet d’actualité, mais j’aurais apprécié des indices plus subtils. Un autre manque de subtilité : la fausse tête décapitée de Macbeth, que Macduff rapporte victorieux à la fin. C’était tellement kitsh, je n’arrivais pas à y croire ! Pourquoi insister sur des détails pareils dans une pièce qui est censée être bouleversante ?

 Enfin, je tiens à souligner que j’ai néanmoins aimé certains aspects de la pièce, heureusement ! La lumière était très bien gérée, elle créait vraiment des ambiances parfois oppressantes, parfois douces; les lumières changeaient très souvent, au grès des répliques des acteurs. Il y avait également de la musique un peu “new age” (oui, comme ce que monsieur Massis écoute) entre chaque scène, et honnêtement, la musique apportait presque plus d’émotion que les acteurs. Enfin, il y a trois actrices qui m’ont beaucoup plu : les sorcières, qui sont une sorte de choeur qui apparaît régulièrement pour annoncer des prophéties. C’étaient les seuls personnages dont les costumes étaient vraiment beaux, et leur jeu (elles sont complètement folles, décandantes) était parfait.
Finalement il n’y a qu’une scène que j’ai vraiment aimé, celle du banquet. Lors de ce banquet, donné par Mcbeth, apparaît son ancien ami Banquo (que Macbeth vient de tuer), sous la forme d’un fantôme que seul Macbeth peut voir. J’ai trouvé l’apparition de Banquo très réussie (il sort de sous la table !) car innatendue (après avoir lu le résumé, c’était la scène que j’appréhendais le plus, me demandant comment elle allait être mise en scène) et bien jouée : cette fois, les gestes horripilants de Macbeth sont les bienvenus car il est littéralement en train de sombrer dans la folie ! De plus, Banquo était vraiment effrayant.

 Pour conclure, Macbeth m’a plutôt déçue et j’en suis repartie sans avoir rien ressenti de particulier. Pour une fois que je n’aime pas une représentation, dommage que ça tombe sur une des pièces les plus connues de Shakespeare !

Clémentine