theatrelfs

Lundi 22 octobre 2012 à 6:15


Mercredi 10 octobre 2012 à 14:08

Et bien voilà un nouvel article sur une pièce de théâtre que je suis allée voir hier soir à l'Alliance française, et qui s'intitule Venise sous la neige (Venise under the snow pour les anglophones).

Venise sous la neige est une comédie en acte de Gilles Dyreck, créée le 10 juin 2003 au Théâtre de la Pépinière Opéra, et aujourd'hui traduite en sept langues . 
La pièce débute lorsque Patricia et Christophe, un jeune couple, arrivent pour dîner chez Nathalie et Jean-Luc. Patricia s'est disputée avec son compagnie Christophe pour une affaire dont on ignore la raison, et nous est présentée dès le levé du rideau comme une femme froide et distante, qui n'adresse la parole à personne. Les hôtes en déduisent donc que leur invitée, qu'ils ne connaissent pas, ne parle pas français et est étrangère. Patricia se rendant compte du quiproquo qui s'est installé, décide alors d'envenimer la situation et de ce fait,  elle s'invente une langue et un pays imaginaire dont elle serait originaire, la "Chouvénie". S'amusant de la situation, elle met Christophe mal à l'aise face à son ami d'enfance Jean-Luc et à sa future épouse Nathalie, en inventant toutes sortes de mots afin de créer un langage qu'elle seule comprend. Nathalie et Jean-Luc, archétypes du couple écervelé et omnibulés par leur amour et leur union proche ( qui est d'ailleurs illustré par un surnom exécrable que le couple s'attribue mutuellement, "chouchou),  n'ont pas conscience du malentendu qui s'est installé, et persuadés que Patricia, dont la famille serait restée en "Chouvénie", a été traumatisée pendant la guerre d'ex-Yougoslavie. Ils lui proposent alors tous les objets "cassés", ou "usés" de leur logis, afin qu'elle les envoie dans son pays natal. Patricia profite alors de la situation, et jouant de cette fausse identité, et tente de les dépouiller de tous leurs biens. Or, Christophe commence tout d'abord par menacer Patricia de révéler sa supercherie, mais finit par la suite par se plier au jeu. La pièce finit par le départ du couple Patricia et Christophe, qui lorsque cette dernière récupère ses effets personnels pour rentrer chez elle, lance la réplique " Merci pour cette soirée, c'était vraiment super sympa, top!", tandis que Jean-Luc répond plus qu'étonné "Et ben, elle apprend vraiment vite le français!".

Cette pièce de théâtre, nouvelle production de French Stage, a été mise en scène à Singapour par Emilie Borrel, et Tim Garner. Elle est jouée, selon les soirs, en français mais aussi en anglais. Le casting des comédiens est composé de Sophie Bendel, Marine Noel, Stéphane Brusa et Olivier Jean (pour la pièce en français), et de RH Hidalgo, Vicky Williamson, William Ledbetter et Prem John (pour la version anglaise). Elle nous propose une mise en scène de personnages plus caricaturés les uns que les autres, passant de la naïveté du couple Jean-Luc/Nathalie, contrairement à la froideur que dégage le couple plus moderne de Christophe et Patricia. Au fil des rebondissements, la situation s'inverse, et le contraste s'estompe entre le couple au bord de la rupture et les futurs mariés énamourés. 
 



Personnellement, j'ai été assez déçue par cette pièce, dont j'attendais plus de vivacité. En effet, dès le commencement du spectacle, le jeu des acteurs, peu convainquant, a ramolli le rythme de la pièce. De ce fait, cette pièce à la base très comique de part ses comiques de situation mais également de mots, ne m'arrachait que de maigres sourires. Je n'ai pas ressenti la dynamique de la pièce, qui manquait de "punch", et qui était pour moi trop "plate". Les acteurs surjouaient leur personnage, et ont donc je trouve, brisé l'illusion du réel. Le couple écervelé est tombé trop rapidement dans la caricature, tandis que le couple en crise était  trop nonchalant. Le jeu des acteurs ne me permettait donc pas de pouvoir m'identifier à aucun des personnages. 
Cependant, ne croyez pas que je me suis ennuyée, et que j'ai détesté la pièce loin de là! Certes, le jeu des acteurs trop exagéré, a brisé la dynamique de la pièce, mais j'ai quand même apprécié de nombreux éléments de la mise en scène.
En effet, la trame de l'histoire se déroule dans le salon-salle à manger de l'appartement de Jean-Luc et Nathalie. Ce dernier représentait assez bien l'était d'esprit de ce couple exposant leur amour au grand jour et de ce fait frisant le ridicule. Une papier peint rose criard, de vieilles toiles accrochées aux murs, mais aussi quelques bibelots par-ci par-là dépeigneaient très bien l'univers de ce jeune couple, à la limite de la ringardise. J'ai surtout beaucoup apprécié un petit clin d'oeil à cet amour démesuré qui unit Jean-Luc et Nathalie. En effet sur le canapé de leur salon, sont placés cinq coussins sur lesquels sont écrites des lettres toutes différentes formant, lorsqu'on les aligne, le mot "AMOUR". Enfin, j'ai également remarqué le choix des tenues des personnages. Le couple extraverti (et ridicule) portait des vêtements de couleurs lumineuses et criardes. Nathalie, blonde peroxydée, portait ainsi une robe décolletée rose fushia, tandis que son compagnon était vêtu d'une chemise à carreaux dans les tons bleus. Au contraire, le couple Christophe/Patricia portait eux des vêtements n'attirant pas l'attention, dans les couleurs sombres. 
Enfin et je termine par ce point positif, j'ai également apprécié le retournement de situation auquel on assiste durant la pièce. En effet, dès les premières minutes du spectacle, on remarque un contraste entre un couple s'aimant à la folie, ce qui en devient pathétique, et un autre couple, dont la relation semble extrêmement tendue. Au fil de la pièce, le premier couple se dispute et s'éloigne, tandis qu'on quitte Christophe et Patricia sur des promesses de projets heureux, avec un mariage probable et l'envie d'un enfant. 



Vous l'aurez donc compris, cette pièce m'a désagréablement surprise, mais je n'en demeure pas moins contente d'être allée la voir!

http://theatrelfs.cowblog.fr/images/frenchstage.jpg
Anaïs Vassallo, TL/a


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