Roméo et Juliette
de Shakespeare
mis en scène par Olivier Py
Je suis allé voir Roméo et Juliette rempli de préjugés, pensant que malgré le grand talent de William, le classique n'étant pas ma tasse de thé, j'allai m'ennuyer à mourir en écoutant Roméo déblatérer pendant trois heures des poèmes sur l'amour et sur ''la guerre c'est mal et ça fait souffrir''.
J'ai pourtant été agréablement surpris par la modernité de la pièce. Plutôt que de m'ennuyer, la mise en scène et les dialogues (modifiés pour notre époque) m'ont fait LOLer un max.
En fait, les didascalies de Roméo et Juliette sont rares car comme Molière, Shakespeare est l'auteur et le metteur en scène de ses pièces. Du coup, les didascalies n'expliquent que des actions simples et un décor de base. Mais, plutôt que de respecter les textes prudes et les codes vestimentaires et scéniques auxquels je m'attendais (même si Shakespeare n'est pas un enfant de cœur), le metteur en scène de la pièce s'est permis des changements qui peuvent paraître choquant, mais qui ont fait presque tout le charme pour moi.
Le texte était plus que moderne, plutôt que des « mots » comme ''festoyer'', c'était ''faire la fiesta'' qu'on entendait, ce qui rendait la pièce tout de suite plus adaptée au public d'aujourd'hui et les blagues salaces de Mercutio (l'ami de Roméo) un peu plus compréhensibles : à la place de, je cite, ''empruntez à Cupidon ses ailes, et vous dépasserez dans votre vol notre vulgaire essor'', c'était ''Baise-là nom de Dieu!!'', c'est moins classe mais ça a le mérite d'être clair. Plutôt que de vouvoyer Roméo, Mercutio tutoies son ami, ce qui est déjà un peu plus naturel pour nous autres en 2012 (Bonne année d'ailleurs ;D ).
Malgré un flagrant changement de texte, ce dernier restait toujours acceptable et les moments de poésies étaient intacts, ainsi que l'amour de Roméo pour Juliette et vice-versa.
Les vêtements étaient tout aussi modernes : les costumes ridicules des précieuses et le maquillage des nobles auxquels je m'attendais s'étaient transformés en costards Hugo Boss pour Roméo et en Jeans pour les moins classes comme Mercutio. Juliette reste quand même en robe/pyjama en soie toute la pièce et sa nourrice porte toujours l'habit de nourrice qu'on a l'habitude de voir (robe grise qui cache ses formes). Les simples masques indiqués par William pour la fête chez les Capulet deviennent des masques d'animaux et les gens dansent comme à notre époque (alors que je m'attendais à un ballet prude), et la musique électronique remplace le menuet.
Olivier Py n'a pas non plus respecté la bienséance (rohlala) : on voit des scènes sexuelles entre Roméo et Mercutio, qui se prennent par l'arrière et même un moment où Mercutio débarque nu sur scène pour essayer d'attraper la nourrice de Juliette venue passer un message à Roméo lors de leurs ébats (à Roméo et Mercutio), avec le fameux ''Shake his pear'' (Shakespeare) faisant référence au sexe de Roméo.
Bref, Olivier Py a réussi à garder mon attention d'élève dissipé pendant 3 heures, en changeant le texte et la mise en scène de manière à rendre la pièce plus moderne, tout en conservant l'intégralité de la poésie des moments d'émotion.
A la fois choquante et émouvante, la mise en scène m'a parue parfaite.
Emilien de Zurich
Néanmoins la mise en scene que tu racontes la a vraiment l'air sympas! Mais personnellement, si j'avais eu a voir un remake de Romeo et Juliette, j'aurais autant préféré que ce soit un remake complet, tu parles de scène traditionnelles qui sont quand meme intégrées, ca aurait tendance à cassé le rythme. Puis bon, même si je suis pas fan, je tiens au respect et les remake de grands classiques ne seraient pas du genre à m'intéresser théâtralement mais aussi en littérature car c'est briser une grande oeuvre qui mérite le respect que les metteurs en scènes classiques lui donne.
En tout cas c'est sympas d'avoir de tes nouvelles ! T'en a de la chance d'aller voir des pièces comme ca ;)
xx