Beauty and the Beast est une production de « W!ld Rice » qui reprend le conte classique de La Belle et La Bête tout en lui ajoutant une tournure moderne. Cette comédie musicale a été représentée au Drama Centre Theatre du 23 novembre au 19 décembre. L’actrice principale, Emma Yong, a déjà prouvé son talent dans de nombreux spectacles, comme « No regrets, a tribute to Edit Piaf » en mars 2007. La musique est intégralement écrite par Elaine Chan.
Avant le commencement de la pièce, une rose stylisée est projetée sur le rideau. Symbole de ce célèbre conte, la rose reste présente tout au long de la pièce. Elle apparaît de temps à autres sur un écran lors de la perte des ses pétales, représentation du temps qui s’écoule inéxorablement.
Le début de la représentation implique tout de suite le public dans le spectacle. En effet, le premier personnage fait son entrée à travers les sièges du public et installe un dialogue avec lui.
Le décor principal est constitué de murs grisâtres en relief de part et d’autre de la scène, qui peuvent rappeler les parois rocheuses d’une grotte et leur conférer une atmosphère mystérieuse. Les acteurs ouvrent la paroi coté jardin pour représenter la maison de la belle : un mur décoré de deux petites fenêtres, stéréotype de la maison de poupée. Le manoir de la bête est représenté par un arrière-plan d’escaliers suggérant son immensité. Un vitrail en forme de rose (ce symbole est omniprésent!) et une table sont ajoutés pour la salle à manger.
Le maquillage des acteurs est inspiré de l’opéra chinois : fond de teint blanc, richesse de couleurs, remodelage du visage… (Voire les photos de la sortie de l’option théâtre au théâtre chinois de rue). Les costumes sont aussi exubérants que le maquillage par leur taille et leur couleur. Il est pourtant difficile d’oublier l’image des costumes du dessin animé de Walt Disney qui présente beaucoup de similitudes avec ceux du spectacle. Serait-ce une source d’inspiration ?
Les robes à volière des deux sœurs créent un aspect comique lorsqu’elles sautent ou font des mouvement d’avant en arrière. De même, le père joue avec son ventre proéminant en le faisant rebondir de façon répétitive.
Les deux sœurs sont une parodie de la société de consommation qu’est Singapour. Elles demandent sans arrêt des cadeaux à leur père, lui donnent des listes démesurées qui trainent sur le sol. Toutes deux répètent d’ailleurs à plusieurs reprises « Very expensive ! » en faisant exactement le même geste, ce qui engendre un fort comique de répétition.
Les bruitages et les jeux de lumière illustrent les émotions des personnages. Par exemple, un instant de stupeur est marqué par un éclair de lumière et un arrêt sur image avec une exagération des expressions du visage ou un bruit de vaisselle qui se casse pour une crise de rage. Aussi, de nombreuses actions sont mises en valeur par un bruitage correspondant, comme un bruit de ressort pour un bond. Ces bruitages rappellent ceux de dessins animés, ce qui donne au conte un touche de modernité.
En parlant de modernité, on retrouve dans certaines chansons du spectacle des clins d’œil à d’autres chansons contemporaines comme « Dancing Queen » de ABBA, « Mercy » de Duffy, ou encore « Bad » de Michael Jackson. La scène de combat finale est elle aussi modernisée par la musique de « Mission Impossible ».
En plus du maquillage, l’opéra chinois influence aussi une des scènes : une douzaine de très jeunes acteurs dansent avec des longs rubans et font tourner des assiettes sur des bâtons, accompagnés par une musique très chinoise. Cette scène est, elle aussi, un clin d’œil au public majoritairement asiatique…Dans cette scène, le déplacement du groupe des quelques acteurs principaux, fluide et coordonné, est particulièrement bien réussit.
Ce spectacle m’a beaucoup fait rire, en particulier les allusions à la vie quotidienne Singapourienne. Les costumes sont magnifiques, quoique peut-être trop caricaturaux des contes de fées. Pour finir, on peut dire que c’est une représentation fraiche et actuelle d’un conte classique.
Julia Pflimlin