Étant donné que cette année, nous montons une pièce de Jean-Yves Picq et qu’en ce qui me concerne – mais je pense que c’est la même chose pour les autres – je ne sais rien sur son compte, j’ai décidé d’écrire un article le présentant. Je tiens quand même à préciser que c’est dur de trouver des informations sur lui, par là je veux dire autre chose que sa commune de naissance (Mulhouse, personne ne sait ou c’est).
Jean-Yves Picq est un dramaturge et metteur en scène français né en 1947, à Mulhouse donc. Il est l’auteur de près de trente pièces de théâtre, jouées un peu partout dans le monde : États-Unis, Afrique, Japon, Espagne, Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Danemark. Parallèlement, il a écrit des livrets sur l’art lyrique et sur la danse, livrets dont il fait régulièrement des lectures publiques.
Il faut savoir que Jean Yves Picq a eut un parcours peu banal. Après avoir passé un doctorat de Lettres, il monte sa propre compagnie théâtrale, le Théâtre de la Balance, dans les années 1970. Pendant ce temps-là, il rencontre un fidèle allié, Roger Planchon directeur du TNP (Théâtre National Populaire) de Villeurbanne, ayant succédé à, entre autres, Jean Vilar et Patrice Chéreau. Seulement, quelques années plus tard, en 1981 précisément, il décide de tout abandonner et après une courte formation, il devient ébéniste. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce changement subit de carrière révèle la très forte volonté d’écriture de J.Y. Picq, comme le soutient le site, mais il est vrai que ça donne un aperçu de sa force de caractère. D’ailleurs, toutes les biographies s’accordent sur un point : Jean-Yves Picq est un homme « très en verve ».
Il a travaillé, tout au long de sa carrière, au Théâtre du Vieux Givors, aux Ateliers, à l'Attroupement, aux Trois-Huit et à l'Équipe de Création théâtrale de Chantal Morel. Nombre de ses pièces ont vu le jour grâce à des bourses, et certaines ont été écrites grâce au soutien du Ministère de la Culture – ironie du sort, c’est de ce ministère dont il fera par la suite le blâme.
A travers ses œuvres, Jean Yves Picq essaie de faire passer des messages. Explicitement, parce qu’il pense que le théâtre est la pour ca, aussi : transmettre, faire partager un avis. Dans une interview accordée en janvier 1996 au site Archives 1996, il explique la raison de l’écriture du Conte de la neige noire (1995) : c’est d’après lui un rappel nécessaire de l’état désespérant du monde, un monde dont l’économie va mal, dont la jeunesse va mal. Tout cela explique pourquoi il alloue au théâtre une place importante. D’après lui, le travail de l’auteur, du metteur en scène, des comédiens et du spectateur ont une place équivalente dans la représentation : les uns créent une « matière », et les autres, en réaction, une « émotion ». C’est grâce à ce processus que le théâtre est toujours d’actualité : il provoque des interrogations, des débats chez les spectateurs. Pour Jean-Yves Picq, c’est tant mieux.
En outre, Jean-Yves Picq refuse d’admettre une chose : que le théâtre contemporain n’existe qu’à travers la lecture, l’analyse et la réadaptation d’œuvres des siècles passés. Selon lui, cette affirmation équivaut à considérer que le théâtre, de nos jours, n’a plus rien à offrir. Encore faut-il avoir assez d’imagination et d’inspiration pour prouver le contraire. Toutefois J.Y. Picq ne se laisse pas décourager, et s’interroge activement sur la place et le rôle du théâtre dans la société. Par ailleurs, il promeut le théâtre contemporain grâce a de nombreuses lectures, dans l’Hexagone comme a l’étranger, notamment en Afrique ; et surtout, surtout, il lutte contre l’ « académisation » du théâtre, un processus qui selon lui pourrait porter un coup fatal a la création artistique et théâtrale. Comme il le dénonce – enfin, dénonçait, car cela fait bientôt dix ans – dans une note sur le théâtre et la mondialisation, les institutions culturelles, en plongeant dans un « gentil train-train », font du théâtre un « acte vain ». C’est pourquoi un retour vers le théâtre, - et par là il faut comprendre théâtre qui n’a aucune fin lucrative ni commerciale, mais dont le premier objectif serait de soulever un vrai « débat » - s’impose.
Son combat, pour sauver le théâtre de cette paralysie qui le frappe depuis quelques années, n’est pas sans rappeler celui du personnage principal d’État des lieux (1992), Henry, qui, malgré un contexte différent, mène un combat pour sauver le Tiers Monde. Ce désespoir face à l’état inquiétant du monde également dans Partition (1985). J.Y. Picq y relate l’histoire d’un journaliste traumatisé par toutes les horreurs dont il a été le colporteur qui s’enferme dans le mutisme. Comme quoi, J.Y. Picq a des sujets qui lui tiennent à cœur.
« Il ne manque pourtant pas de livres, d’articles, de réflexions, de cris d’alarmes, d’enquêtes, de témoignages de la part de gens courageux, lucides, instruits et déterminés pour oser affronter de face nos viandards du monde, nos charognards de la Planète, nos Maîtres assassins. Par contre, il manque singulièrement un théâtre. » Jean-Yves Picq
« Si j’étais un personnage de théâtre ? Peut-être Prospero dans La Tempête. » Jean-Yves Picq