Tout commence avec une comédie musicale anglaise en 1973. L’histoire est simple : Brad et Janet, fraîchement fiancés, se retrouvent comme par hasard en pleine nuit sur une route au milieu de nulle part avec un pneu crevé. Ils décident donc de demander de l’aide à l’habitant le plus proche... sans savoir que celui-ci est un scientifique fou/transexuel/extraterrestre. La pièce de Richard O’Brien, qui relate donc leurs aventures au cours de cette nuit mémorable, remporte un énorme succès et gagne même le « Meilleur Spectacle de l’Année 1974 ». Le succès est d’ailleurs tel que la pièce est adaptée au cinéma deux ans plus tard. Seulement, une pièce aussi déjantée adaptée au cinéma, c’est difficilement rentable : le film, a sa sorti, est un flop total. Mais petit à petit, un noyau de fans s’établit, des fans qui connaissent les répliques de chaque personnage par cœur, qui viennent déguisés au séances, avec des pistolets à eau et des confettis, qui entonnent en chœur aux moments des chansons… bref, au fil du temps, The Rocky Horror Picture Show gagne au succès au « second degré » et devient un film culte. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le succès si spécial dont a bénéficié le film s’est en fait transmis à la pièce de théâtre : lorsque les gens vont la voir, ils viennent revêtus de plumes et de paillettes, hurlent à chaque fois qu’un nouveau personnage apparaît sur scène, et réclament un « bis » à la fin. Tout cela pour dire que, que la pièce soit géniale ou très mauvaise, l’enthousiasme du public sera toujours le même… mais fort heureusement, l’adaptation de Christopher Luscombe mérite ses cinq minutes d’applaudissements !
Tout d’abord, j’ai trouvé l’utilisation des lumières très ingénieuse : souvent, la lumière venait directement éclairer le public, ce qui donne un air mystérieux à ce qui se passe sur scène car on est à moitié aveuglé ! Les décors étaient très bien faits, on retrouvait immédiatement l’ambiance du manoir hanté, du laboratoire glauque... J’ai particulièrement aimé la scène qui se passe dans le salon, où l’on découvre la vulnérabilité de deux des personnages : on les sens tous petits, entassés entre une énorme cheminée et un non-moins énorme canapé.
Le jeu des acteurs mérite également des compliments : ils avaient tous une présence incroyable, surtout le Docteur Frank’n’Further : lorsqu’il arrive sur scène, il est de dos pendant environ trente secondes, et pourtant on sens tout de suite sa force, sa présence, c’est impressionnant ! De plus, la plupart des personnages n’ont qu’un rôle assez mineur mais restent sur scène pendant la majorité de la pièce ; pourtant, ils restent tous dans leurs personnages, leur démarche, attentifs et présents jusqu’au bout (et là, on pense tous au hallebardier de Brook). Enfin, puisque c’était une comédie musicale, je dois dire que j’ai été impressionnée par les voix des acteurs ! Je ne suis d’ordinaire pas une amatrice de comédie musicale, mais cette fois-ci les musiques étaient vraiment entraînantes, les chorégraphies, parfois assez élaborées, réglées à la perfection, et les acteurs ne faisaient pas une seule fausse note.
Finalement, mon seul reproche serait pas la musique était beaucoup trop forte… et que j’avais du mal à voir à cause du chapeau de clown de mon voisin de devant.
En fin de compte, je recommande vivement The Rocky Horror Show. C’est une pièce très drôle, à ne vraiment pas prendre au sérieux, mais où le travail des acteurs et du metteur en scène est évident. Si vous allez le voir, attendez-vous à ce que les chansons vous restent dans la tête pendant une semaine.
(La troupe repart en Angleterre dans une semaine seulement, prenez vos places maintenant !)
--Clémentine
Camille Bou